Difficultés des médecins généralistes dans la prise en charge de leurs patients précaires
Résumé en Français
Introduction : Les médecins généralistes rencontrent des difficultés dans la prise en charge des patients en situation de précarité. Afin d’identifier et comprendre ces difficultés, une enquête combinant les deux approches quantitative et qualitative a été réalisée auprès des médecins généralistes de Meurthe-et-Moselle.
Méthodes : L’étude quantitative a été réalisée par auto questionnaire auprès de l’ensemble des 856 médecins généralistes. Parallèlement, 28 médecins généralistes regroupés par secteur géographique ont participé à six focus groups.
Résultats : Parmi les 46,5 % de répondants, 92,5 % des médecins ont déclaré rencontrer des difficultés dans la prise en charge de leurs patients précaires. Ils étaient 87,5 % à déclarer connaître moyennement ou insuffisamment les structures médico-sociales de leur territoire et les deux tiers étaient intéressés par une formation spécifique. L’analyse des entretiens a montré que l’expérience facilitait le travail en réseau, une bonne relation aux patients, et in fine leur suivi. L’accès financier aux soins constitue un frein majeur, pour lequel les médecins invoquent une volonté politique. En réponse aux freins propres au cadre de consultation, des propositions ont été formulées. Confirmant les résultats de l’enquête par questionnaire, la formation apparaissait indispensable pour repérer la précarité et faciliter la relation médecin-patient.
Conclusion : Nous avons montré que les difficultés ressenties par les médecins contribuent aux inégalités socio-culturelles d’accès à la santé. L’accompagnement des patients, un travail renforcé sur l’image de soi et le lien social ont été identifiés comme des déterminants majeurs d’accès à la santé.
Le développement de la formation des médecins mais aussi celle des différents intervenants des structures de prise en charge pluri professionnelles doit être encouragé.
Méthodes : L’étude quantitative a été réalisée par auto questionnaire auprès de l’ensemble des 856 médecins généralistes. Parallèlement, 28 médecins généralistes regroupés par secteur géographique ont participé à six focus groups.
Résultats : Parmi les 46,5 % de répondants, 92,5 % des médecins ont déclaré rencontrer des difficultés dans la prise en charge de leurs patients précaires. Ils étaient 87,5 % à déclarer connaître moyennement ou insuffisamment les structures médico-sociales de leur territoire et les deux tiers étaient intéressés par une formation spécifique. L’analyse des entretiens a montré que l’expérience facilitait le travail en réseau, une bonne relation aux patients, et in fine leur suivi. L’accès financier aux soins constitue un frein majeur, pour lequel les médecins invoquent une volonté politique. En réponse aux freins propres au cadre de consultation, des propositions ont été formulées. Confirmant les résultats de l’enquête par questionnaire, la formation apparaissait indispensable pour repérer la précarité et faciliter la relation médecin-patient.
Conclusion : Nous avons montré que les difficultés ressenties par les médecins contribuent aux inégalités socio-culturelles d’accès à la santé. L’accompagnement des patients, un travail renforcé sur l’image de soi et le lien social ont été identifiés comme des déterminants majeurs d’accès à la santé.
Le développement de la formation des médecins mais aussi celle des différents intervenants des structures de prise en charge pluri professionnelles doit être encouragé.
English abstract
Context: General practitioners encounter difficulties in the management of patients in precarious situations.
In order to identify and understand these difficulties, a survey combining both quantitative et qualitative approaches was conducted among general practitioners of the Meurthe-et-Moselle department.
Methods: Quantitative data were collected by self-administered questionnaires sent to all 856 general practitioners and 28 general practitioners grouped by geographic sector participated in 6 focus groups.
Results: Among the 46.5% of respondents, 92.5% doctors declared that they encountered difficulties in the management of precarious patients. 87.5% declared that they had an average or insufficient knowledge of the existing medical social organizations on their territory and two-thirds were interested in specific training.
Analysis of the interviews showed that experience facilitates multidisciplinary networking, a good relationship with patients and ultimately their monitoring.
Financial access to care is a major obstacle, which doctors consider to be a political issue. Ideas for improvement were proposed in response to the obstacles related to the characteristics of the medical consultation itself. Confirming the results of the questionnaire survey, training appeared to be essential to identify vulnerability and facilitate the doctor-patient relationship.
Conclusion: We showed that the difficulties experienced by physicians contributes to socio-cultural inequalities in access to health care. Patient support, an enhanced self-image and social ties were identified as major determinants of access to health.
The development of training of physicians and multidisciplinary structures should be encouraged.
In order to identify and understand these difficulties, a survey combining both quantitative et qualitative approaches was conducted among general practitioners of the Meurthe-et-Moselle department.
Methods: Quantitative data were collected by self-administered questionnaires sent to all 856 general practitioners and 28 general practitioners grouped by geographic sector participated in 6 focus groups.
Results: Among the 46.5% of respondents, 92.5% doctors declared that they encountered difficulties in the management of precarious patients. 87.5% declared that they had an average or insufficient knowledge of the existing medical social organizations on their territory and two-thirds were interested in specific training.
Analysis of the interviews showed that experience facilitates multidisciplinary networking, a good relationship with patients and ultimately their monitoring.
Financial access to care is a major obstacle, which doctors consider to be a political issue. Ideas for improvement were proposed in response to the obstacles related to the characteristics of the medical consultation itself. Confirming the results of the questionnaire survey, training appeared to be essential to identify vulnerability and facilitate the doctor-patient relationship.
Conclusion: We showed that the difficulties experienced by physicians contributes to socio-cultural inequalities in access to health care. Patient support, an enhanced self-image and social ties were identified as major determinants of access to health.
The development of training of physicians and multidisciplinary structures should be encouraged.
Santé publique n°5, septembre-octobre 2015 | p. 679 à 690 | publié le 4 janvier 2016