Aspects épidémio-cliniques et judiciaires des agressions sexuelles au Mali

Japhet Pobanou Théra | Mohamed Soumah | Ténin Traoré | Moustapha Touré | Matthieu Traoré | Mamadou Lamine Sow

Résumé en Français

Introduction : les agressions sexuelles sont sous-estimées au Mali. Notre travail avait pour objectif d’étudier leurs aspects épidémio-cliniques et judiciaires à Bamako. Méthode : il s’agissait d’une étude rétrospective portant sur les victimes d’agressions sexuelles reçues dans le Centre de santé de référence de la commune IV du district de Bamako du 1er juillet 2007 au 30 avril 2010. L’étude a inclus 37 cas d’agressions à partir des registres de consultation et des certificats médicaux d’agressions sexuelles sur 1810 patientes reçues. Résultats : l’étude a inclus 37 cas d’agressions sur 1810 patientes reçues en consultation, soit une prévalence de 2 %. Parmi les patientes reçues pour agressions sexuelles 78,4% ont porté plainte contre leur agresseur présumé. Les patientes admises sur réquisition étaient de 43,25%; les patientes ont consulté dans les 24 heures qui ont suivi l’agression dans 59,5%des cas. Les victimes avaient un âge moyen de 21 ans, l’acte était commis par un seul agresseur dans 89,2 % des cas. L’agresseur était un proche de la famille dans 5,4 %des cas. Le contact sexuel était génito-génital dans 64,9% des cas. Sur le plan clinique, 32,4% des victimes avaient des lésions vulvopérinéales. Conclusion : les agressions sexuelles sont relativement fréquentes à Bamako. Les sujets jeunes sont les plus atteints, en particulier les élèves/étudiantes et les femmes au foyer. Leur prise en charge doit être précoce et adaptée afin de prévenir les infections sexuellement transmissibles. Elles constituent un véritable drame dont la prévention passe par la sensibilisation des populations, l’assistance judiciaire des victimes et la répression judiciaire des auteurs.

English abstract

Background: Sexual assault rates are underestimated in Mali. This study was designed to assess the epidemiological, clinical and judicial aspects of sexual assault. Patients and method: A retrospective study was conducted from 1st July 2007 to 30 April 2010 in the health care centre of the 4th Commune of Bamako. The study included 37 sexual assault victims selected from the medical records and sexual assault certificates from a total of 1,810 patients attending the gynaecology clinic during the study period. Results: The frequency of sexual assault was therefore 2%. 78.4% of the victims took legal action against the alleged perpetrator. Victims admitted at the request of Police officers accounted for 43.25%; 59.5% of victims attended the clinic within 24 hours following the assault. The age ranged from 2 to 40 years with a mean of 21 years; 37.9% were single and 48.6% were students. The assault was perpetrated by one person in 89.2%, a relative was involved in 5.4%; rape consisted of genito-genital intercourse in 64.9%; 32.4%of the victims had perineal and/or vulval injuries. Conclusion: Sexual assault is relatively frequent in Mali, particularly among students and housewives. It represents a real tragedy, which must be prevented by increasing the awareness of the population, judicial assistance to victims and prosecution of perpetrators.

Santé publique n°1, janvier-février 2014 | p. 123 à 129 | publié le 3 avril 2014

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