En France, l'éducation pour la santé marque le pas. Cause ou conséquence d'un sous-investissement politique ?

René Demeulemeester

Résumé en Français

Il y a une dizaine d’années, les faiblesses des moyens alloués à l’éducation pour la santé étaient expliquées par un déficit en légitimité alimenté par une absence de reconnaissance professionnelle, un sous-développement de la recherche et une anarchie méthodologique. Dans ce contexte, un plan national d’éducation pour la santé a été lancé en 2001. Ce plan n’a été appliqué que partiellement. Depuis, les réformes engagées ont essentiellement renforcé la structure nationale et bénéficié aux activités de communication en santé. Plus récemment, l’éducation thérapeutique du patient a fait l’objet d’une reconnaissance par la loi. En revanche, l’éducation pour la santé dans les milieux de vie, en dépit des efforts de formation, d’amélioration de la qualité et de rationalisation développés par ses acteurs, a connu, ces dernières années, une érosion régulière des moyens qui lui étaient alloués. Quant à la démarche de promotion de la santé, sans laquelle on ne peut plus concevoir les activités d’éducation pour la santé, elle peine encore plus à être reconnue. L’expérience de plusieurs pays montre que le développement quantitatif et qualitatif de l’éducation pour la santé et de la promotion de la santé résulte d’investissements stratégiques ; ces investissements y ont en effet permis le développement de la recherche, la professionnalisation, la démonstration de l’efficience et de la qualité du service rendu par ce secteur d’activité. On semble, en France, attendre que les acteurs de l’éducation pour la santé et de la promotion de la santé fassent la preuve de cette évolution pour les légitimer et leur donner les moyens de travailler. Or, on sait qu’à terme ces investissements peuvent contribuer efficacement à la réduction des causes évitables d’incapacités et de décès prématurés et à la limitation des inégalités sociales de santé qui continuent de caractériser la santé en France.

English abstract

Fifteen years ago, the limited resources allocated to health education in France were due to a lack of legitimacy compounded by a lack of professional recognition, in addition to a lack of research and a state of methodological anarchy. A national health education program was launched in 2001 to address this issue. However, the program was only partially implemented. Recent reforms have strengthened the national structure and promoted health communication campaigns. Therapeutic patient education has also been legally recognized. However, the resources allocated to community health education have steadily declined, despite efforts to promote training, quality improvement and rationalization. Health promotion – without which health education activities cannot be developed – is still struggling to gain recognition. Investments in health promotion have not increased as a result of the demonstrable effectiveness and professionalization of the sector and of the quality of its services. Indeed, the reverse may be true. In other words, investments in this area may promote the development of research, assessment and quality, while also highlighting the impact on the determinants of health and well-being. Ultimately, there is evidence to suggest that investments in this area can help to reduce premature mortality rates and the number of preventable deaths.

Santé publique n°2 supplément, mars-avril 2013 | p. 93 à 99 | publié le 12 mars 2014

Ce site utilise des cookies pour assurer l'authentification des internautes, mais également pour réaliser des statistiques de visites.