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Aspects éthiques de l'éducation pour la santé... ou les limites de la bienfaisance

Résumé en Français

Les préoccupations éthiques sont apparues tardivement dans le champ de l’éducation pour la santé. L’éducation pour la santé était en effet par nature considérée comme « bienfaisante », son but étant d’améliorer le bien-être et la qualité de vie des personnes.
Pourtant, le but de celle-ci a longtemps été la transformation des comportements. Cette intrusion dans la vie privée n’est pas neutre, elle doit interroger sur les objectifs et les méthodes de l’éducation pour la santé.
Au regard des principes qui sous-tendent la réflexion éthique – bienfaisance, non-malfaisance, autonomie et justice sociale –, un certain nombre de dérives peuvent être mises en évidence. En particulier, les personnes ont été implicitement rendues responsables de leurs comportements avec des méthodes moralisatrices, culpabilisatrices et injonctives. Ces atteintes, outre leur effet iatrogène, touchent à l’identité et au respect des personnes. De plus, c’est bafouer leur droit à l’autonomie que de leur imposer des messages collectifs, des normes de comportements forgées par d’autres. Enfin, si les actions d’éducation pour la santé traditionnelles et singulièrement les campagnes de communication contribuent aux progrès de santé, c’est au prix d’un accroissement des inégalités.
L’éthique est à la fois un énoncé de valeurs et une démarche. Elle doit d’abord elle-même faire l’objet de débats démocratiques. Ce n’est pas à l’expert, mais au citoyen que revient de faire le nouage entre les finalités et l’action.
La promotion de la santé a constitué un retournement de perspective qui, à bien des égards, protège de ces dérives éthiques. Il est nécessaire que l’éducation pour la santé veille à créer les conditions de l’autonomie en intervenant d’abord sur les facteurs environnementaux et les inégalités.

English abstract

Ethical issues have only recently emerged as a topic of debate in health education. Until recently, health education was seen as “beneficent” by nature and as designed to improve well-being and quality of life.
Traditionally, the purpose of health education was to promote behavior change. The idea of intruding into people’s private lives raises the question of the objectives and methods of health education.
The principles underlying ethical reflection – beneficence, non-malfeasance, autonomy and social justice – provide a basis for identifying a number of problems or abuses. Traditionally, people have tended to be seen as implicitly responsible for their own behavior, a view based on a moralistic, guilt-inducing and didactic approach to health and health behavior. The assumption is that these infringements affect the identity and dignity of persons. In addition, imposing standards and norms of behavior defined by others amounts to undermining or denying the autonomy of individuals. Finally, traditional health education approaches, and in particular communication campaigns, may contribute to the improvement of health, but it is at the cost of increased inequalities.
To conclude, ethics is both a statement of values and a method or process. Ethics needs to be debated and discussed in a democratic forum. It is up to citizens, not experts, to establish the link between means and ends. Health promotion has resulted in a shift in perspective – a shift that has provided protection against ethical lapses and violations. This paper argues that health education must create the conditions of autonomy by focusing first on environmental factors and inequalities.

Santé publique n°2 supplément, mars-avril 2013 | p. 85 à 91 | publié le 12 mars 2014

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