Un programme social pour la lutte physique contre la leishmaniose cutanée zoonotique dans la wilaya de M'Sila en Algérie

Kamel Cherif | Abdelkarim Boudrissa | Mokhtar Hamdi Cherif | Zoubir Harrat

Résumé en Français

En Algérie, la leishmaniose cutanée zoonotique à Leishmania major constitue un lourd fardeau pour la santé publique. On dénombre en moyenne 10 000 nouveaux cas parmi les 15 millions de personnes exposées vivant en zone d’endémie. Le foyer de M’Sila, avec une incidence annuelle de 561,8 pour 100 000 habitants, est le plus important en Algérie après le foyer historique de Biskra. Le réservoir principal de la maladie est Psamommys obesus, rongeur gerbillidé, qui se nourrit exclusivement de plantes salées, les chénopodiacées, sous lesquelles ce dernier construit son terrier. Un des moyens de lutte contre la leishmaniose dans les régions sahariennes et pré-sahariennes, celui que l’étude atteste, est d’éliminer ces plantes autour des habitations sur un rayon de 300 mètres. Dans le cadre d’un programme social de travaux d’utilité publique employant 396 jeunes chômeurs, cette expérience pilote a été menée en 2003 dans cinq communes les plus touchées dans la wilaya de M’Sila. 3 600 hectares ont été traités avant la saison de transmission de la maladie qui débute au mois de mai. Une réduction de 31 % du nombre de cas de leishmaniose cutanée a été notée, passant de 1 391 cas en 2003 contre 965 cas en 2004. Cette expérience mérite d’être élargie à l’ensemble du territoire, pour mieux évaluer l’impact de cette méthode de lutte dans la prévention de la maladie.

English abstract

Zoonotic cutaneous leishmaniasis due to Leishmania major is a serious public health problem in Algeria. On average, 10,000 new cases are reported every year among the 15 million people at risk of infection. With an annual incidence of 561.8 per 100,000 inhabitants, M’Sila has seen the worst outbreak of the disease in Algeria since the historic outbreak in Biskra. The main reservoir of the disease is Psammomys obesus, a gerbil that feeds exclusively on Chenopodiaceae, a salt-tolerant plant under which it makes its burrow. Removing these plants around houses within a radius of 300 meters is one of the most effective control measures. As part of a social program of public works, a pilot project aimed at controlling the disease was undertaken in 2003 in the five worst affected cities in M’Sila. 396 unemployed young people were recruited to remove the plants before the transmission season. Over 3,600 hectares were treated. The number of cases decreased from 1,391 in 2003 to 965 in 2004 (31% reduction). These measures need to be implemented in all endemic areas of the country to better assess their effectiveness in preventing the disease.

Santé publique n°6, novembre-décembre 2012 | p. 511 à 522 | publié le 26 août 2014

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