Pratiquer l'autopsie de toutes les morts subites : un moyen de prévention en santé publique

Yann Delannoy | Anne Becart | Claude-Alain Maurage | Raphaël Cornez | Valéry Hedouin | Marie-Christine Copin | Didier Gosset

Résumé en Français

Introduction : la prise en charge notamment autopsique, des cas de morts subites d’adultes, n’est pas optimale. Leur nombre pourrait pourtant justifier une modification des pratiques pour le dépistage des atteintes héréditaires. Ce travail voulait pour exposer certains points à améliorer, évaluer la prévalence des autopsies dans ces cas.
Méthodes : ce travail rétrospectif (2005-2010) réalisé au CHRU de Lille a retenu 174 dossiers régionaux (Nord-Pas-de-Calais) d’autopsies d’adultes décédés subitement. Les critères étudiés étaient : provenance des corps, indication, âge, sexe et diagnostic mis en évidence pour ces décès.
Résultats : le nombre d’autopsies médicales annuellement réalisé était très restreint : proportion variant de 1,06 à 1,73 pour 1 000 décès en cas de mort hospitalière ; 0 à 0,43 pour 1 000 décès en cas de mort extrahospitalière. Seules 11 autopsies de personnes décédées à domicile ont été répertoriées sur la période d’étude, dont 4 cardiopathies. Il existe donc sans nul doute un défaut de prise en charge autopsique de la mort subite.
Discussion : les autopsies médicales sont en constant déclin et cela est d’autant plus vrai lors de décès extrahospitaliers, alors qu’elles sont un examen indispensable en vue de réaliser des dépistages sur les apparentés d’un sujet décédé subitement. Une amélioration des pratiques doit se développer et est en partie rendue possible par de récentes évolutions réglementaires. Certaines initiatives ont abouti et permettent d’espérer qu’à l’instar des centres de référence existant dans la mort inattendue du nourrisson, des centres de référence de la mort subite, qui permettraient la réalisation d’autopsies plus systématiques lors de décès d’adultes, voient le jour.

English abstract

Introduction: In France, the management of sudden death (including non-forensic autopsies) among adults could be improved. The number of sudden deaths may require a change in practice to promote screening for hereditary diseases. The purpose of this study was to identify areas for improvement and to assess the prevalence of non-forensic autopsies.
Methods: A retrospective study (2005-2010) conducted at Lille University Hospital resulted in the selection of 174 non-forensic autopsies of adults who died suddenly. The criteria used were: the geographical origin of the bodies, indication, age, gender and the diagnosis of death.
Results: The study found that the annual number of non-forensic autopsies was very low, with proportions ranging from 1.06 to 1.73 per 1,000 deaths in the case of hospital deaths and from 0 to 0.43 per 1,000 deaths in the case of non-hospital deaths. Only 11 non-forensic autopsies of people who died at home were recorded over the study period, including 4 heart disease-related deaths. Overall, the results indicate that sudden death autopsies are poorly managed.
Discussion: Non-forensic autopsies are in decline, particularly in the case of deaths outside hospital, despite the fact that they are a crucial consideration for screening among relatives of a person who died suddenly. The findings suggest that there needs to be an improvement in practice, a fact made possible by recent legislative developments in France. A number of initiatives have been successful and give hope that, like the reference centers specializing in unexpected infant deaths, reference centers specializing in sudden deaths, which allow for more systematic non-forensic autopsies of adults who die suddenly, might be created.

Santé publique n°2, mars-avril 2013 | p. 155 à 162 | publié le 26 août 2014

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