Épidémie de rougeole et de sa riposte en 2009, dans la région de Dakar, Sénégal

Ibrahima Seck

Résumé en Français

La région de Dakar (Sénégal) a connu une épidémie de rougeole durant l’année 2009, dans un contexte de contre performance du Programme Élargi de Vaccination (PEV). L’objectif de ce travail était d’étudier cette épidémie et l’efficacité de sa riposte. Il s’agit d’une étude épidémiologique transversale descriptive qui a porté sur tous les cas de rougeole confirmés au laboratoire ou par lien épidémiologique durant la période de juin à décembre 2009 mais aussi sur l’efficacité de la riposte mise en œuvre. Les résultats ont montré que sur les 767 cas confirmés de rougeole, un peu moins du tiers soit 30 % ont été confirmés au laboratoire et le reste des cas l’a été sur la base de l’existence d’un lien épidémiologique avec un ou d’autres cas confirmés. L’âge minimal était de 4 mois et le maximum était de 35 ans. Les enfants âgés de moins de 5 ans représentaient 67,4 % des rougeoleux. La population masculine était la plus touchée (52,2 %). La majorité des enfants touchés n’étaient pas vaccinés (88,5 %). On constate que le district Sud a enregistré l’incidence la plus forte avec plus de 68 cas pour 100 000 habitants alors que sa couverture vaccinale des 3 dernières années était satisfaisante (moyenne de 82,2 %). La campagne de riposte a permis de vacciner 54 793 enfants âgés de 9 à 59 mois répartis sur les différentes zones à risque et de basse couverture soit un taux de couverture de 55,9 %. Aucun décès n’a été retrouvé. Au terme de cette étude, il est recommandé : i) de continuer de sensibiliser les parents sur l’intérêt de la vaccination ; ii) de combiner la vaccination de routine à des activités de supplémentation (Vit A par exemple) ; iii) d’organiser des campagnes nationales de vaccination avec le ciblage des groupes spécifiques (recrues, étudiants, réfugiés, etc.) ; et iv) d’instaurer une deuxième dose de vaccin qui permettrait de rattraper les enfants ayant échappé à la première vaccination et aussi de corriger les échecs primaires de vaccination chez ceux qui ont été vaccinés.

English abstract

In 2009, the region of Dakar (Senegal) experienced a major measles epidemic, in the context of the failure of the immunization program. The objective of this study was to examine the epidemic and the effectiveness of the response. A cross-sectional epidemiological study of all cases of measles confirmed by laboratory tests or epidemiological linkage was conducted between June and December 2009. The study also assessed the effectiveness of the response. The results show that out of 767 confirmed cases, less than a third (30 %) were laboratory-confirmed, while the remaining cases were confirmed by epidemiological linkage with one or several other confirmed cases. The minimum age was 4 months and the maximum age was 35 years. Children under 5 accounted for 67.4 % of the total number of cases. The male population was more affected than the female population (52.2 %). Most of the cases of were not vaccinated (88.5 %). The southern district had the highest incidence of measles, with more than 68 cases per 100,000 inhabitants. The vaccination coverage rate over the last 3 years was found to be satisfactory (average rate: 82.2 %). The response campaign resulted in the vaccination of 54,793 children aged 9 to 59 months (55.9%) distributed throughout the high-risk areas with low immunization coverage. No deaths were reported. The results suggest that it is important i) to continue to promote measles vaccination; ii) to combine routine vaccinations with supplements (for example vitamin A); iii) to introduce national vaccination campaigns targeting specific groups (new army recruits, students, refugees, etc.); and iv) to introduce a second dose of vaccine to ensure that the children who did not receive the first vaccine are covered and to address primary vaccine failures among those who were vaccinated.

Santé publique n°2, mars-avril 2012 | p. 121 à 132 | publié le 27 juin 2012

Ce site utilise des cookies pour assurer l'authentification des internautes, mais également pour réaliser des statistiques de visites.