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La Charte d’Ottawa a trente ans...

The Ottawa Charter is thirty years old

Résumé en Français

Faut-il s’en réjouir et fêter cet anniversaire dans la joie et la satisfaction du devoir accompli, apprécier cet accès à une maturité adulte, ou bien faut-il s’inquiéter, voire se lamenter ?... Trente ans pour quoi, au juste ?

Pour les « acteurs de terrain », c’est-à-dire les véritables acteurs de la santé publique, le texte d’Ottawa a été un vrai progrès, une incontestable reconnaissance de ce qu’ils faisaient ou souhaitaient entreprendre, un logiciel d’action, une suite concrète des mouvements de santé communautaire des années 1970. C’était un chemin nouveau à parcourir, un appel à la rencontre de tous ceux qui s’intéressaient au bien-être des gens, dans et hors le système de santé, à commencer par les gens eux-mêmes, les citoyens venant se substituer aux « patients » et aux « usagers »... (les « usagés », comme me l’a un jour écrit un étudiant dans un texte d’examen...).

Du côté de la grande majorité des responsables du secteur sanitaire, de la politique de santé, de la politique tout-court, le texte d’Ottawa est resté incompris, méprisé, rejeté. Un haut responsable national du système de santé ne m’a-t-il pas déclaré un jour que « la promotion de la santé est un concept subversif ». Donner du pouvoir aux gens ? Mon pauvre monsieur, où cela nous mènera-t-il ?

La cécité et/ou le refus de voir, contrastaient tristement avec l’espoir, voire l’enthousiasme des vrais artisans de la santé publique. Oubliée par nos responsables la définition de la santé de 1946, ou balayée d’un revers de main car considérée comme utopique, ignorée la Déclaration d’Alma-Ata, regardée avec morgue comme un document à l’usage des pays « sous-développés » ; les soins de santé primaires, quand-même, nous étions au-dessus de ça, n’est-ce pas ? Alors la première loi de santé du troisième millénaire nous a forgé la démocratie sanitaire. Ça, n’est-ce pas, ça avait de l’allure, c’était beau à prononcer et à entendre. Malheureusement cette prétendue démocratie se limitait à l’énoncé – nécessaire, certes – des droits des patients et des usagers du système de soins. C’est un peu court, sauf s’il s’agit de se donner bonne conscience en continuant par ailleurs à recourir aux anciennes méthodes d’une éducation pour la santé paternaliste, injonctive et directive, relookées pour l’occasion.

La Charte d’Ottawa, elle, a beaucoup apporté ; elle a inspiré, sans être forcément nommée ou invoquée, des pratiques innovantes. Le réseau des structures d’éducation pour la santé a fait considérablement évoluer ses méthodes ; les CODES et les CRES, puis les IREPS, sont devenus des spécialistes efficaces et respectés des politiques locales de santé. Beaucoup d’organismes associatifs, travaillant sur des aspects thématiques de la santé, se sont également inspirés des méthodes de la promotion de la santé. De grandes institutions ont fait leurs les méthodes proposées par la Charte (pensons par exemple à la Protection Judiciaire de la Jeunesse), les ateliers-santé-ville ont été créés dans le cadre de la politique de la Ville, les contrats locaux de santé, les conseils locaux de santé mentale se développent avec dynamisme. Je prétends que toutes ces innovations ont plongé leurs racines dans le champ de la promotion de la santé.

La Charte d’Ottawa a trente ans ? Souhaitons-lui d’accueillir encore beaucoup d’équipes et d’institutions sur le chemin qu’elle a tracé. Souhaitons-lui d’évoluer s’il le faut, souhaitons-lui de tenir compte des critiques qui lui sont parfois faites, souhaitons-lui d’innover encore, de mobiliser toujours plus d’équipes, de personnes, de communautés, au service de l’amélioration du bien-être de tous. Eric Breton et François Alla proposent des pistes dans ce sens, tout comme les acteurs qui témoignent, dans les autres articles, de la réalité de la promotion de la santé dans de multiples terrains d’intervention.

Santé publique n°6, novembre-décembre 2016 | p. 711 à 711 | publié le 9 janvier 2017

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