Sur le Pont N°04

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SUR LE PONT - le Flash Email spécial Marseille 2019

Numéro 04 - Samedi 23 novembre 2019

Après des semaines de navigation, parfois contre vents et marées, parfois dans un doux zéphyr, l'équipe de la SFSP s'apprête à aborder le rivage et à quitter le navire de la conférence. Voici le numéro d'accostage de SUR LE PONT, l'avant-dernier numéro.


ÉDITO

DE MULTIPLES OPPORTUNITÉS POUR CRÉER DES PASSERELLES    
 
En France, la Stratégie nationale de santé 2018-2022 réaffirme « le principe porté par l’Organisation mondiale de la santé selon lequel la santé doit être un objectif de toutes les politiques publiques ». De même, le Projet stratégique 2017-2019 de la Direction générale de la santé promeut une « approche intersectorielle entre acteurs institutionnels pour faciliter la convergence des politiques publiques en réponse aux besoins de prévention, de soins et d’accompagnement social », ainsi qu’en termes de santé-environnement et de développement durable. Cette approche s’appuie sur un triple consensus : l'état de santé de la population est largement déterminé par des décisions prises dans des secteurs autres que le système de santé, la démarche intersectorielle résout des problèmes dont la solution exige une action concertée (à l’image des inégalités sociales et territoriales de santé), et l’association de la population aux projets dans le cadre de démarches participatives est indispensable.

Le caractère intersectoriel de la promotion de la santé trouve une traduction concrète dans différents milieux, à l’échelle des territoires de proximité. Par exemple, les établissements de santé, en complément de leurs missions de soins, participent à des actions de prévention dont certaines, comme l'éducation thérapeutique du patient (ETP,) sont des passerelles vers la promotion de la santé en améliorant la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques. Encore centrée sur la maladie ou les traitements, l'ETP intègre de plus en plus des dimensions psychosociales en proposant dans et hors les murs de l'hôpital des activités de prévention universelle, sélective et ciblée mobilisant une approche de promotion de la santé. L'hôpital d'aujourd'hui se saisit de sa responsabilité populationnelle en matière de santé pour favoriser les décloisonnements et améliorer l’accès à la prévention et aux soins.

Certaines approches thématiques se prêtent également très bien aux démarches intersectorielles. L’activité physique par exemple, est un déterminant de santé transversal présent dans de nombreuses politiques publiques : santé, sport, transport, urbanisme, social, environnement, éducation, travail... sur lequel il est possible d’agir à différentes échelles. L’activité physique favorise une approche positive de la santé et son caractère multisectoriel est un levier pour répondre à de nombreux défis de société. Les territoires disposent d’une capacité à mettre en œuvre le développement de l’ « activité physique bénéfique pour la santé, dans toutes les politiques », à condition que ces dernières soient intersectorielles, intégrées et coordonnées.

Conscients des atouts de la démarche intersectorielle pour la promotion de la santé, les acteurs s’investissent fortement dans sa mise en œuvre, en développant une culture de l’interculturalité professionnelle et en mutualisant leurs compétences au-delà des frontières de leurs domaines d’exercice.
 

Marion Albouy-Llaty, Christine Ferron, Anne Vuillemin



 

POWER PONT

UN HABITAT BON POUR SA SANTÉ, ÇA SE MESURE !
 
Durant #EPH2019, de grands acteurs de la santé publique en France sont présents à la « Maison France ». C’est le cas notamment du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), dont les missions incluent, entre autres, de fournir aux pouvoirs publics expertise et appui à la conception et à l’évaluation de politiques liées à la santé, en lien avec les agences sanitaires. Pour cela, le HCSP s’appuie sur la publication de travaux et de recommandations, à partir des données de la science et de l’expérience.
 
Denis Zmirou-Navier, Président de la Commission spécialisée risques liés à l’environnement, nous a présenté un projet qui concerne la qualité de l’habitat en matière de santé : le Domiscore.
L’objectif est de proposer aux professionnels et aux élus un outil permettant de comprendre facilement où se situe un logement sur une échelle graduée de qualité de l’habitat – à l’image du Nutriscore. Soixante paramètres, dont on a démontré qu’ils ont une influence sur le bien-être et la santé des occupants, ont été retenus et regroupés en 15 familles (pollution des sols,  sécurité du bâti, accès à proximité d’espaces récréatifs, etc.). Cet effet est mesuré dans l’outil pour chaque paramètre par un score de 0 à 3 et un code couleur correspondant.
 
La qualité de l’habitat concerne un nombre très important d’acteurs : autant les notaires que les associations de défense des locataires, autant les opérateurs du foncier que les associations qui travaillent avec les populations vulnérables, et de nombreux ministères. Celui de la santé n’est finalement qu’un des acteurs concernés, peut-être minoritaire, dans ce domaine. « Les acteurs de la santé peuvent dire quels sont les impacts que l’on peut mesurer ou ceux que l’on redoute. Mais ils n’ont pas la main sur les sources des menaces. C’est le ministère du logement, ce sont les collectivités territoriales, c’est le marché, les acteurs industriels, ceux de la construction, de l’entretien, etc.». C’est pourquoi, pour Denis Zmirou-Navier, l’intersectorialité fait partie de l’ADN de la commission santé-environnement.



 

En interne

UNE AIDE FINANCIÈRE POUR GOMMER LES INÉGALITÉS EN SANTÉ MENTALE ? 
 
Au Royaume-Uni, la moitié des familles monoparentales vivent en dessous du seuil de pauvre contre un quart des familles biparentales. La prévalence des troubles mentaux infantiles étant supérieure dans les familles les plus pauvres, les enfants issus de familles monoparentales sont particulièrement touchés par ces troubles.
 
S’appuyant sur les données issues de 11 000 enfants de la cohorte Millenium, Dr. Sungano Chigogora (UCL) a simulé l’impact d’une réduction des inégalités financières entre familles mono et biparentales au Royaume-Uni sur la prévalence des pathologies mentales infantiles.La démonstration théorique est probante : un apport financier supplémentaire d’environ 100£/mois serait une action politique pertinente pour réduire les inégalités entre familles pour les troubles mentaux infantiles.
 
Mais sur le terrain, pouvons-nous espérer des résultats similaires à ceux prédits par ce modèle mathématique ? En écoutant la présentation, plusieurs questions nous sont venues. La compensation financière permettra-t-elle seule de réduire les inégalités entre familles monoparentales et biparentales ? Les différences en matière de ressources socio-culturelles et éducatives entre ces foyers plus ou moins aisées seront-elles gommées ?
 
Pour y répondre, il serait utile d’expérimenter ce modèle mathématique dans la vraie vie, et d’évaluer l’impact de cette aide financière sur la réduction des troubles mentaux chez les enfants, pour optimiser le modèle.
 

Les étudiants du CLiSP

 
 

les répliques de la conf'

Beaucoup nous accusent d’être politiques - et nous le sommes, comme la santé publique l’a toujours été !
Martin McKee
 
Le monde n’est pas transformé par les articles scientifiques. Il le sera si nous sommes capables de traduire leurs résultats en action.
Walter Ricciardi
 
Si les citoyens comprennent les enjeux, les politiciens en tiendront compte.
Marian Harkin
 
Les jeunes professionnels qui entrent dans la santé publique doivent faire preuve d’adaptabilité et de flexibilité, et se préparer à devoir apprendre toute leur vie.
Sara McQuinn (EUPHAnxt)
 
 

figures de la santé publique



Interview de Louise Potvin, directrice de la Chaire de recherche du Canada « Approches communautaires et inégalités de santé », participait à la pré-conférence Health Promotion principles as foundations for solidarity and public health – Intersectoriality ‘next generation'
 

Quelles dimensions de l’action intersectorielle étudier pour faire avancer la promotion de la santé ?

Dans mes travaux, je m’intéresse aux interventions communautaires en prévention, qui sont notoirement difficiles à évaluer, mais qui forment le matériau de base de la promotion de la santé.  
Peu d’études empiriques existent aujourd’hui sur la façon dont les processus de l’action intersectorielle produisent des transformations observables. Voilà pourquoi, en collaboration avec des partenaires comme la ville de Montréal, la Chaire a mis en place un dispositif de recherche autour de coalitions locales. Le but est de comprendre comment elles fonctionnent et ce qu’elles produisent. A partir des actions intersectorielles de l’Initiative Montréalaise que nous avons suivies à la trace dans notre recherche, nous avons montré qu’il existe quelques ingrédients clés de l’intersectorialité. Ce que ces coalitions locales font d’essentiel : elles se constituent et se gouvernent, elles produisent des porte-paroles et font en sorte qu’ils s’expriment dans le débat public, elles arrivent à mobiliser d’autres ressources.
 

Vous avez aussi rappelé lors des échanges que l’action intersectorielle repose souvent sur de la coordination, et que celle-ci a un coût.

C’est le paradoxe de l’action intersectorielle. C’est un instrument puissant, mais qui nécessite des moyens importants dont on conteste parfois les résultats. Mais quand elle est la seule stratégie efficace, ces coûts sont justifiés.
 

Comment savoir si l’action intersectorielle permet de réduire les inégalités de santé ?

L’impact à long terme sur les inégalités de santé de l’action locale nous échappe. Ce que l’on sait, c’est que dans le champ particulier de la lutte contre les inégalités de santé, il n’existe pas de recette infaillible. En fait, nos pratiques en santé publique depuis 50 ans ont été efficaces pour créer plus d’inégalités. Au Québec, par exemple, la réduction du tabagisme a été un succès sauf pour les plus pauvres. Donc on a tout intérêt à être plus humbles, à réinventer nos pratiques et à soutenir les initiatives locales, car quand on renforce les communautés et que les gens participent, c’est en soi un processus porteur de santé.

Pour les anglophones, toutes les interventions de la pré-conférence peuvent être consultées sur la chaine youtube de la Chaire Unesco.

 
 

LA BULLE

Le menu d’une conférence européenne de santé publique

En guise d’apéritif, sirotez un cocktail bloody healthy accompagné de petits nachos trempés dans une purée d’advocacy. Pendant ce temps, dégustez une bouillabaisse d’actions, confectionnée avec la carcasse de quelques politiques de santé et un soupçon de langue de bois. En guise de dessert, un buffet et l’embarras du choix : cakes news, pudding bridges, ou pitch au chocolat. Finissez par une poire conférence. Communiquez, c’est pas du flan !

 

un jour à massiliA


Saviez-vous que plages, petits ports pittoresques et calanques sont à portée de bus ? Au départ du rond-point du Prado, et en moins de 20 minutes, la ligne 19 vous emmène au sud le long de la rade de Marseille.
 
Une plage pouvant en cacher une autre, passez celle de galets du Prado et continuez jusqu’à la plage de sable de la Bonne Brise, celle de « chez Dédé » (arrêt Verrerie). Au terminus, prolongez par la ligne 20, et découvrez la calanque de Saména, un des restaurants de poissons aux Goudes ou le petit port de Callelongue… en vrai.



Image : Plage de la Verrerie à Marseille
 

 

AGENDA MAISON FRANCE






 


COMITÉ DE RÉDACTION DU JOURNAL

Directeur de la publication : Emmanuel Rusch
Rédacteur en chef : François Berdougo
Maquettage : Amandine Baron
Contributeurs : Isabelle Catala | Christine Ferron | Aline-Marie Florence | Samuel Gaspard | Béatrice Georgelin | Hélène Kane | Anne Laurent | Pierre Lombrail | Thi-Mai Nguyen | Benjamin Soudier | Les internes du CLiSP

 
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