Sur le Pont N°02

Ce courriel contient des éléments graphiques, si vous ne les visualisez pas  » consultez le Flash Email en ligne.

bandeau flash special 

SUR LE PONT - le Flash Email spécial Marseille 2019

Numéro 02 - Jeudi 21 novembre 2019

 

EDITO




 
L'ACCÈS À LA SANTÉ ET AUX SOINS NE SE DISCUTE PAS

L’accès à la santé est inégal dans notre pays, du fait de disparités dans les conditions de vie et de travail comme dans l’accès aux soins. Certains étrangers sont davantage concernés par cette réalité, particulièrement celles et ceux en situation irrégulière quant au droit du séjour. Parmi eux, certains appartiennent à des populations qui, selon l’Académie de médecine, nécessitent « une attention particulière du point de vue médical », du fait de conditions de vie particulièrement indignes (à la rue, dans un campement ou un habitat dégradé) ou d’une fragilité spécifique (mineurs isolés, femmes enceintes…). En 2017, l’ex-InVS avait mis en évidence la fréquence des violences subies lors de la trajectoire migratoire, mais aussi en France, ou celle de l’insécurité alimentaire parmi les consultants des dispositifs accueillant les personnes en situation de précarité sociale.
 
Outre des difficultés linguistiques ou culturelles, les barrières à l’accès aux soins sont multiples, depuis la difficulté à faire valoir ses droits jusqu’à celle d’obtenir des soins. Soit que ce droit n’est pas reconnu par tous les professionnels ou institutions soit, bien trop souvent, que les professionnels de santé se trouvent confrontés à des pressions économiques visant à limiter le risque de « créances irrecouvrables », reléguant au second plan les valeurs et règles éthiques dont ils doivent être porteurs.
 
La SFSP est signataire de la Déclaration de Grenade de 2014 sur la santé des migrants et des minorités, dont elle souligne l’actualité des principes. Les personnes arrivant en France et qui demandent à être reconnues comme «réfugiées» ont actuellement droit à la PUMa pour un an dès le dépôt de leur demande d’asile, renouvelable seulement si le statut de réfugié leur est attribué. L’introduction d’un «délai de carence» a été annoncée le 6 novembre par le gouvernement dans le même temps qu’il entend durcir les conditions d’accès à l’AME. Disons-le tout net : l’accès à la santé et aux soins ne se discute pas : c’est un droit garanti par les conventions internationales. La santé ne peut pas être l’otage de politiques migratoires toujours plus restrictives. Les coûts pour la société représentent une part minime de l’effort de protection sociale. Ne pas les assumer occasionnera, à terme, des dépenses bien supérieures aux économies marginales réalisées, y compris en raison de possibles conséquences, sur l’ensemble de la population, de cette absence de soins pour ces personnes précarisées, indépendamment des souffrances et de l’insécurité ainsi créées.

Catherine Bernard, Pascal Chevit, Pierre Lombrail - Société Française de Santé Publique

 

POWER PONT

 
LA SANTÉ PUBLIQUE EST-ELLE FRILEUSE FACE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ?

Interview de Mathilde PASCAL, chargée du projet changement climatique, Santé Publique France



Lors de la pré-conférence du Grec Sud consacrée aux conséquences sanitaires du réchauffement climatique, Mathilde Pascal de Santé publique France a exposé les relations entre qualité de l’air et changement climatique. A la suite d’études en mécanique des fluides et sciences de l’environnement, Mathilde Pascal a très tôt été préoccupée par les effets sanitaires des vagues de chaleur. Lorsqu’elle a intégré l’Institut de Veille Sanitaire en 2003, elle a été chargée d’élaborer le système d’alerte canicule. Au fil de sa carrière, elle n’a cessé d’oeuvrer à l’intégration des enjeux sanitaires dans les stratégies d’adaptation au changement climatique. Sa sensibilité aux questions environnementales l’a poussée à interpeller la santé publique sur des sujets que celle-ci a encore du mal à investir : la pollution de l’air, la présence des résidus plastiques ou encore la biodiversité. Sa communication a été introduite par un constat quelque peu alarmant : en France, chaque année, 48 000 décès sont imputables à la pollution de l’air. On ne peut pas lutter contre ce fardeau, sans réduire les émissions de gaz à effets de serre qui engendrent un réchauffement climatique. Le monde de la santé est encore frileux et demeure parfois sceptique même si une prise de conscience sans précédent est en train de s’opérer.
 
L’intervention de Mathilde Pascal était une nouvelle occasion de bousculer les hésitants, les exhortant à l’action : « Certes, il faut promouvoir la recherche. Mais, présentement, on en sait assez pour agir. Pour améliorer la santé, il faut diminuer les émissions de gaz à effet de serre. On sait que les investissements dans ce domaine sont rentables. On sait aussi que les décisions qui peuvent être prises maintenant ne pourrons plus être prises par les générations futures du fait de l’inertie climatique. » Un message relayé par les autres intervenants de cette pré-conférence qui ont mis le doigt sur les nombreuses conséquences sanitaires du réchauffement climatique et présenté les initiatives possibles en terme d’aménagement urbain et d’approches intersectorielles en santé publique.

 

En interne

DON’T SPEAK ABOUT COMMUNITY, INVOLVE THEM

Les internes en santé publique ont assisté à la pré-conférence de l’IRD/Coalition PLUS, dans laquelle sont intervenus plusieurs acteurs communautaires, tels que ARCAD-SIDA ou Afrique Avenir et l’ONG Solthis. Au cours de cette rencontre, la participation des acteurs communautaires dans la recherche a été mise en avant. C’est tout l’enjeu de la community based research.
 
Pour illustrer ce propos, les intervenants ont fait part de leurs expériences autour de recherches-actions mises en oeuvre dans le cadre de la lutte contre le VIH : dépistage, empowerment, prévention en santé sexuelle. À l’occasion de cette session, l’IRD a su rassembler un public jeune et multiculturel.
 
Mais la recherche communautaire – part essentielle de la recherche académique - exige une temporalité différente de celle de la recherche menée en laboratoire: Take time to take the time. Cette démarche vertueuse, répondant avec sens aux besoins des populations, mérite qu’on lui accorde le temps et les moyens suffisants.
 
Pour mettre en place des recherches-actions communautaires pertinentes, il faut prendre en compte l’investissement des communautés concernées. Et pour cela, il faut rémunérer à son juste prix l’investissement en temps, en déplacements, en expertise de terrain des acteurs communautaires… Ne pas rétribuer cet apport essentiel va à l’encontre de l’éthique.
Poursuivons cet élan : Don’t speak about community, involve them.
 

Les étudiants du CLiSP

 

les répliques de la conf'

Le premier effet de la réalisation de diagnostics de santé est l’acculturation des acteurs locaux non spécialistes aux concepts et enjeux de santé publique.
 
Anne Talec
 
Je reste incrédule sur la connaissance disponible des leviers efficaces pour réduire la consommation de tabac et d’alcool et le défaut de décision politique.
 
Catherine Bernard
 
Les data scientists doivent s’associer avec des experts en santé publique et sciences humaines pour tirer les informations les plus pertinentes des data.
 
Marie Zins
 
 

figures de la santé publique



 

LUTTER CONTRE LA «MYOPIE POLITIQUE» DES EUROPÉENS EN MATIÈRE DE MIGRATION

Belgacem Sabri - Médecin de santé publique, économiste de la santé, ancien secrétaire d’état chargé de l’Emigration et l’intégration sociale et Président de l’Association Tunisienne de défense du Droit à la Santé

 
Quel intérêt voyez-vous à participer à un congrès tel que celui-ci ?

C’est avant tout ma passion pour la santé publique qui m’a guidée ici à Marseille. Mais c’est aussi l’occasion de partager des problématiques de santé qui concernent les deux rives de la Méditerranée. Du fait de notre lien géographique, les problématiques de santé publique doivent être débattues de concert entre les intervenants européens et nord-africains. Nous devons échanger nos expériences et imaginer des solutions ensemble.

 
Pensez-vous que vos collègues européens prennent en compte le défi qu’a représenté l’arrivée de 2 millions de réfugiés, principalement libyens, dans un pays à revenus limités ?

J’appelle cela la « myopie politique » des européens. Il est faux de croire que les problèmes migratoires ne concernent que les pays du Nord. En effet, contrairement aux idées reçues, la plupart des migrations se font entre pays du Sud. L’attitude des pays du Nord a toujours été tournée vers l’aspect sécuritaire. C’est une attitude regrettable, car nous, pays du Sud, accueillons aussi des êtres humains qui ont le droit à la sécurité et à la santé.
Le phénomène de migration est mondial, et les solutions à y apporter doivent, elles aussi, être mondiales et intégrer les intérêts des pays du Sud.

 
Pensez-vous que la migration d’origine environnementale est déjà une réalité dans votre pays ?

Absolument. Les changements climatiques actuels – en Afrique et en Asie du Sud-Est – entraînent l’impossibilité de culture et d’élevage ou la désertification de certaines terres, dont les habitants se retrouvent obligés de partir, par impossibilité de survivre là où ils vivent. On peut désormais parler de flux migratoires écologiques. Ces migrants, on les retrouve aujourd’hui en Tunisie où ils sont généralement seulement de passage avant de tenter la traversée de la Méditerranée.

 

LA BULLE

LES MOTS TORDUS DE LA SANTÉ PUBLIQUE

Prévention de la santé

capacité à rendre tout le monde malade

Justice climatique

droit du climat à un procès équitable

Résili-anse

capacité à porter ses ennuis en bandoulière

Sansabrisme

courant artistique prisé des marchands de sommeil

Big data

base de données qui ne connait pas le nutri-score

Approche participative

chasse à l’HUC (Habitant Usager Citoyen)

Entre- pôt de données

système d’information construit autour d’un verre

 

un jour à massilia




La conférence #EPH2019 vous donne rendez-vous ce soir aux Halles de la Major pour sa Welcome Réception. Saviez-vous qu’avant d’être cet espace dédié au commerce de bouche de qualité, les souterrains de la Major ont eu un passé trouble ? La physionomie de tout ce quartier, proche du port de Marseille, a été bouleversée ces 10 dernières années grâce à Euromed. Avant, les Halles appartenaient à la ville de Marseille et servaient d’espace de stockage pour les cantonniers de la municipalité. Les rats grouillaient dans ces entrepôts d’après les Marseillais.
Ce soir, profitez-en pour vous promener dans cette partie de Marseille qui a été complètement transformée : les docks, au nord, regorgent désormais de commerces, au sud, le Mucem est le point de départ d’une promenade qui vous mènera jusqu’au Vieux Port. Une belle ballade pour clore la soirée.
 
Image : Cathédrale de la Major à Marseille
 

AGENDA MAISON FRANCE






 


COMITÉ DE RÉDACTION DU JOURNAL

Directeur de la publication : Emmanuel Rusch
Rédacteur en chef : François Berdougo
Maquettage : Amandine Baron
Contributeurs : Isabelle Catala | Christine Ferron | Aline-Marie Florence | Samuel Gaspard | Béatrice Georgelin | Hélène Kane | Anne Laurent | Pierre Lombrail | Thi-Mai Nguyen | Benjamin Soudier | Les internes du CLiSP

 
ban marseille b
ban marseille h
www.sfsp.fr | Contact | Twitter
Powered by AcyMailing

Ce site utilise des cookies pour assurer l'authentification des internautes, mais également pour réaliser des statistiques de visites.